CONCEVOIR LA PERCEPTION COLLECTIVE DU DESIGN D’INTÉRIEUR

Perception Collective

WRITTEN BY CHROME DESIGN

écrit par Richard Benoit / juin 2024

Récemment, j'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs collaborateurs (architectes, clients, entrepreneurs et fournisseurs) et je suis étonné de réaliser que notre profession est encore méconnue, voire nébuleuse. "Tu ne choisis pas des rideaux et des céramiques, toi?" ou encore : "J’ai fait regarder ton plan par ma tante qui est cuisiniste…"

Certains collaborateurs avec qui je travaille depuis plus de deux décennies ne saisissent pas pleinement l'étendue de notre pratique et les répercussions de notre expertise sur l'ensemble d'un projet architectural. Il est devenu évident pour moi qu'il est nécessaire de prendre le temps de renforcer la perception collective du design d'intérieur et peut-être de redéfinir certains critères de la profession.

Ne provenant pas d’un parcours académique en architecture mais d’une combinaison de diverses expériences dans les milieux artistiques (arts, graphisme, mode, photo), mon expérience dans l’univers du design est plutôt atypique. Trop souvent au cours de ma carrière, j’ai remarqué que le design d'intérieur, de façon générale, est confondu avec des professions connexes comme la décoration, l'architecture d'intérieur (mondialement) et l'architecture. Bien que complémentaires, elles diffèrent considérablement en portée, en impact et en réglementations.

Au cours des dernières années, plusieurs corps de métier m’ont fait remarquer que les designers d’intérieur devraient également être régis par un ordre professionnel, en raison de l'impact décisionnel, mais surtout pour définir davantage les paramètres de la profession qui sont souvent transgressés selon eux, par certains designers.

Mon point de vue, issu de l’expérience sur le terrain plutôt que de l'académique, me pousse à croire qu'ils ont raison. Après une discussion sur la reconnaissance des acquis ainsi que sur l’adhésion des designers ayant des parcours atypiques au sein de l’APDIQ, sa présidente et moi avons échangé nos points de vue concernant les avantages et inconvénients d’un éventuel ordre professionnel. Elle a affirmé que plusieurs avenues étaient en cours et que nous en saurons davantage sous peu. Un dossier qui sera à suivre.

Nécessité d’un Ordre Professionnel?

La comparaison entre un homme à tout faire et un entrepreneur général illustre bien la nécessité croissante d’un ordre professionnel pour les designers d’intérieur. Est-ce que nous accepterions que nos gratte-ciel soient fabriqués par un homme à tout faire ?

La demande pour des services de design d’intérieur est en forte croissance, ce qui est fantastique pour la profession. Je crois que le métier nécessite davantage de normes, un établissement des expertises et une responsabilité professionnelle envers les clients et projets. Un ordre permettrait d’établir des balises plus précises en termes de responsabilités et de définition des mandats (limitation).

C’est principalement cette dernière mention, qui à mon avis, favoriserait une meilleure collaboration et définition des tâches entre les intervenants professionnels (ingénieurs, architectes, etc.). Cela permettrait d’éviter ce que nous voyons parfois, un professionnel essayant de faire l’expertise de l’autre et vice-versa. Je dis souvent que le dentiste peut faire du nettoyage dentaire, mais est-ce vraiment bénéfique pour son expertise? Sans lien avec la hiérarchie professionnelle, ce que je tends à expliquer, c’est qu’il est défini quand le mandat d’architecture devient le mandat de l’ingénierie, mais il n’est pas toujours clair au sujet de quand cela devrait être le mandat défini du design d’intérieur.

Contenu ou Contenant : la réflection

En architecture, les responsabilités des techniciens et des titulaires de baccalauréat sont clairement définies, mais ce n’est pas le cas en design d’intérieur. Un baccalauréat en design n'offre pas de distinction claire par rapport à une technique ou un AEC. Je crois que bien avant l’établissement d’un ordre, nous devrions également réfléchir à une suite logique au niveau académique : un programme faisant le pont entre l’architecture et le design d’intérieur.

Un programme d’architecture d’intérieur permettrait de combiner ces deux professions de manière plus spécifique aux réalités architecturales de design d’intérieur et d'élever la pratique à des niveaux de conscience professionnelle plus élevés. Certes, il est possible de faire les deux programmes séparément, mais je crois qu’il serait pertinent de penser à un programme comprenant les deux disciplines.

Je crois profondément qu'un tel programme/pratique, à l'image de certains modèles d’architecture d’intérieur que l’on peut retrouver à divers endroits, favoriserait une meilleure collaboration entre ces deux professions si connexes et qui peuvent parfois être si détachées. Les meilleurs projets architecturaux sont ceux qui combinent parfaitement le design et l’architecture. Non seulement cela améliorerait les interventions des designers d'intérieur au sein des projets en comprenant davantage les répercussions architecturales, mais cela permettrait également de partager leur expertise avec leurs collègues architectes.

Imaginez quel serait l’impact sur les projets…

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